le moine gyrovague

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Fin de la RD du Congo

Vendredi, nous quittons le monastère à 5h45 après avoir salué les frères. Nous allons donc goûter de nouveau aux délices de la piste ! Est-ce la dextérité de notre chauffeur, nos anges gardiens qui étaient à pied d’œuvre… toujours est-il que nous arrivons à Mvanda à 11h45… après « seulement » 6 heures de piste, les sœurs ne nous attendaient pas si tôt ! Je crois qu’aucun de nous 3 n’était fâché d’arriver en avance et de ne plus avoir à subir les inlassables soubresauts de la voiture. L’après-midi est consacrée au repos. 

Samedi matin visite de la maison pendant presque 3 heures ! Le monastère est une fondation de l’Etoile Notre-Dame au Bénin. Désormais, la communauté compte une bonne quinzaine de sœurs dont 5 aspirantes, 2 novices et une jeune professe. Le monastère fut construit sur une propriété de 36 hectares données par les jésuites. Aujourd’hui se dresse un beau petit monastère construit pour environ 25 sœurs, tout de plein pied, les bâtiments étant reliés les uns aux autres par des cloîtres ouverts, ce qui rend le tout très aéré. La note finale de la construction, en non la moindre, fut l’église, consacrée le 11 février 2010 par Monseigneur Mununu. Elle est assez spacieuse, inspirée de celle d’El Ecuentro au Mexique et fut entièrement construite par des artisans locaux à l’exception des vitraux tout simplement parce qu’à Kikwit, il n’y a pas de vitrier. Les sœurs y célèbrent une liturgie priante, accompagnée à la cithare ou, pour certaines pièces, par des instruments locaux traditionnels. Le monastère est situé sur une des collines de Kikwit, entouré d’autres maisons religieuses mais non loin d’un village. Ici aussi, on travaille dur pour essayer de subvenir à ses besoins. Les sœurs ne manquent ni d’ardeur au travail, ni d’imagination ! Un atelier de fabrication d’hosties, un atelier de fabrication de cierges d’autels, un atelier de fabrication de baumes et onguents, la fabrication de savons, une boulangerie qui produit pains et gâteaux, un beau jardin potager, des arbres fruitiers… plus un petit artisanat d’objets de piété. L’éternelle difficulté pour nos communautés installées dans des pays très pauvres est de vendre leur produits. Ici, la porterie écoule un peu de la production mais cela ne parvient à couvrir qu’un tiers des dépenses. Il faudrait pouvoir trouver quelqu’un de confiance à Kinshasa qui puisse prendre en mains la vente des produits de Kasanza et de Mvanda, mais il semble qu’ici une telle personne soit un « oiseau rare ». 

La communauté de Mvanda cherche aussi à aider la population environnante selon ses moyens. A la porterie, les sœurs ont ouvert une école d’informatique. Un professeur a été engagé et enseigne à des jeunes l’usage d’un ordinateur, des logiciels de type World ou Excel, d’Internet… Le service semble apprécié car quand nous sommes passés dans la salle de classe 6 élèves travaillaient studieusement ! Les ordinateurs ont été offerts par la Maison Mère et des bienfaiteurs et offrent la possibilité de s’ouvrir aux nouvelles technologies. Il faut noter qu’à Kikwit, il n’y a pas l’électricité… chacun se « débrouille » ! Les sœurs ont installés des panneaux solaires qui fournissent un peu de courant et chaque matin, c’est un groupe électrogène qui fonctionne pour les besoins de la communauté. Mais aux alentours, pas de lumière, si bien que les gens vivent dans l’obscurité de 18 heures à 6 heures. En revanche, chose assez surprenante pour moi, on voit un nombre incalculable de personnes avec des téléphones portables ! La téléphonie doit être une des rares industries performantes du pays ! Parallèlement à l’école d’informatique, un autre service est offert : la saisie de mémoires ou de thèses de fin d’études et pour cela aussi, les sœurs emploie quelqu’un des alentours.  Il y a aussi le soutien d’un orphelinat et d’une école, une petite coopérative agricole. Et puis, aidés par des amis italiens, les sœurs ont créé un club de… football ! Mais, cette fois-ci, pas question de toucher à un ballon !

L’après-midi, pendant que l’Abbé Général reçoit les sœurs, Sœur Paola et Sœur Marie-Céleste m’emmènent faire une visite du village voisin. Pour être tout à fait honnête, on ne se sent pas franchement en sécurité, surtout quand des voitures bondées de jeunes visiblement saouls, et probablement drogués, passent juste devant vous en vous regardant de manière peu amicale ! Néanmoins, nous poursuivons notre visite en nous arrêtant chez un des ouvrier du monastère (le veilleur de nuit). Il est un des rares à avoir une maison en dur, toutes les autres constructions sont en terre et palmes, avec du sable partout. Il a la bonne idée de nous accompagner dans notre visite ce qui, je dois l’avouer, me rassure quelque peu ! Nous allons chez une femme, amie du monastère, qui est entrée en agonie depuis peu. Là aussi, la scène est pour moi des plus saisissantes : dans une toute petite maison en terre, elle gît sur un drap à même la terre, entourée de sa fille et de nombreuses femmes. Il fait une chaleur étouffante, il y a une odeur peu supportable… Nous restons un long moment à prier, Sœur Marie-Céleste s’approche tout près d’elle et fait une longue prière en kikongo puis je donne une bénédiction. Il y a foule devant la case de cette femme, notre présence a attiré des « curieux »… nous apprendrons plus tard qu’elle est décédée dans la nuit. Les sœurs venaient juste de lui faire construire une maison plus décente mais elle s’en est allée vers une demeure éternelle. Nous rendons visite au tailleur des sœurs : la scène vaut le détour… une petit auvent de terre et de palmes avec deux vieilles machines à coudre mécaniques Singer qui doivent dater des années 1920 ! Peu importe la machine, les sœurs louent ses compétences et lui-même enseigne à des plus jeunes. Nous terminons notre visite par la paroisse : une grande église sans aucun charme dans laquelle une petite assemblée fervente célèbre des baptêmes. Nous rentrons par des petits sentiers jusqu’au monastère.

Le dimanche, après-midi, longue séance festive : les sœurs ont préparé une magnifique représentation en deux parties sur le thème de la transmission et de la tradition orale : un conte africain où la parole se mêle aux chants et aux danses et une récitation gestuée du début de l’évangile de saint Luc. Nous sommes tout  émerveillés devant les prouesses et la solide mémoire nécessaire pour retenir tous ces textes. Tout se termine par des cadeaux et des danses.

Dom Eamon préside la messe et donne le chapitre ce lundi. Après le petit déjeuner, nous entreprenons ensemble de faire le tour de la propriété en veillant à ne pas tomber nez à nez avec un serpent ou une grosse araignée. Il y a, dans l’enceinte de la propriété (close de murs depuis que les sœurs furent attaquées) une grande plantation de palmiers à huile. Le matin se poursuivent les rencontres avec les sœurs, je vais rendre visite, avec une sœur, au petit troupeau de brebis et d’agneaux qui paissent derrière le monastère.

L’après-midi est consacrée à la projection à la communauté des photos des derniers voyages de l’Abbé Général afin de faire voir à nos sœurs d’Afrique d’autres horizons monastiques. Comme les frères de Kasanza, les sœurs semblent apprécier de partir ainsi à la découverte de l’Ordre. Ainsi s’achève notre séjour à Mvanda, où nous restons bien impressionnés par la communauté et le lieu.

Le mardi matin, après la messe, nous saluons les sœurs et, avec Mère Annachiara qui vient avec nous à Kinshasa, prenons le chemin de Kikwit pour déposer nos bagages en ville au bureau de « Kin-Avia », la petite compagne aérienne qui doit nous transporter jusqu’à Kinshasa. En voyant à quoi ressemble le « bureau », on comprend vite à quoi ressemblera l’avion ! On part donc à l’aérodrome de Kikwit, 2 petits bâtiments au milieu de la brousse. L’avion arrive de Kinshasa, un petit avion à hélices de 15 places qui nous amuse beaucoup quand nous le voyons, un peu moins quand nous montons dedans et que s’approche le décollage ! Finalement, après 1h20 de vol, nous nous posons sans encombre sur un petit aéroport en plein centre de Kinshasa, d’où un atterrissage spectaculaire au milieu des habitations. Le chauffeur des jésuites est là pour nous récupérer et nous conduire chez les pères où nous déjeunons et prenons un peu de repos. Nous repartons vers 16 heures pour gagner l’aéroport. Nous mettons près de 2 heures pour y arriver pris que nous sommes dans un embouteillage conséquent et une pagaille indescriptible, la ville est grouillante de monde et comme il n’y a pas de transport en commun, les gens marchent beaucoup. Les formalités d’usage se déroulent bien et nous rejoignons la salle d’embarquement puis l’avion qui nous ramène à… Bruxelles ! En effet, le plus court est de repasser par l’Europe avant de gagner le Cameroun car il n’y a pas de liaison entre ce pays et la RDC. Nous avions donc décidé, après avoir étudiés toutes les correspondances possibles dans différentes villes d’Afrique, de revenir à Bruxelles et d’y passer 24 heures de repos.

Des photos sur : https://picasaweb.google.com/105682554808323990281

 



27/06/2012
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