le moine gyrovague

le moine gyrovague

Post "pre-natalizio"

Retour après quelques mois d'absence, les dernières nouvelles datant du mois d'août et d'Israël ! Lors donc, le mois de septembre a vu se dérouler notre Chapitre Général à Assise pendant près de 3 semaines. Mettez tous les supérieur(e)s de l'Ordre dans un sac, secouez, laissez mijoter, et... personne n'a choppé ébola ! Étant dans la commission de coordination du Chapitre (qui est chargée de faire avancer les travaux), ce fut une expérience intéressante et prenante ! No comment sur le fond, certaines choses m'ont laissé plutôt septique  quant à notre capacité à anticiper un tant soit peu l'avenir et à prendre des décisions qui ne soient pas tailler en pièces à cause du droit... vaste question !

Mi-octobre/mi-novembre, un mois de break en France pour goûter à la vigueur du climat hexagonal !

Puis retour à Rome pour quelques semaines encore dans mon service avant... d'arrêter ! Après 3 ans à parcourir le monde dans tous les sens et par tous les temps, j'ai pensé bon de ne pas poursuivre ma "gyrovagie" pour revenir à un rythme et à une vie plus stables. C'est l'occasion pour me plonger vraiment dans mon travail de postulation de la cause des martyrs d'Algérie, travail de très longue haleine. pour mémoire : l'Archevêque d'Alger m'a nommé Postulateur de la cause des martyrs d'Algérie (19 personnes dont les 7 frères de Tibhirine). Question des "non-initiés" : c'est quoi ça ???

Il y a eu une demande d'introduction de la cause des 19 religieux et religieuses morts en Algérie entre 1994 et 1996, afin qu'ils soient reconnus comme "martyrs". La première phase fut ce qu'on appelle "un procès diocésain" avec dépositions de témoins, travail historique, études des écrits...

La conclusion du procès diocésain voit passer tous les actes à Rome, à la Congrégation des Causes des Saints. On vérifie d’abord toute la procédure canonique très strictement (elle doit être validée). Puis on étudie le fond, le contenu. Et la Congrégation donne un "décret de validité" pour que s'ouvre la phase romaine du procès. Un « rapporteur » (relatore) est nommé (en l'occurrence un bénédictin espagnol), travaillant à ce dicastère (= département de l’administration du St. Siège) et le nouveau postulateur rédige la positio, un peu comme une thèse de doctorat, le document principal résumant toute l’argumentation. À part une biographie, une présentation des sources (summarium documentale sive testificale), la partie la plus importante est l’informatio qui cherche à prouver le martyre et la vie vertueuse des martyrs. Les documents du procès diocésain, pour donner une idée, ce sont 22 volumes pour un total de 6700 pages !

Une fois que la Positio est rédigée (ce ne sera pas pour tout de suite... il faut compter 3-4 ans pour arriver à finaliser le travail), de la même façon que dans un procès criminel, l'accusation et la défense s'affrontent, dans un procès en canonisation, le postulateur de la cause tente de montrer que les personnes sont dignes d'être reconnues comme "martyrs", tandis que le promoteur de justice (anciennement surnommé "avocat du diable") tente de prouver le contraire. Au terme de ce procès, les cardinaux et les évêques constituant la Congrégation rendent leur verdict à la suite d'un vote... on n'en est pas là !

Cela, c'est sur le papier. Dans le concret, c'est un peu plus compliqué et il faut chercher à ne pas se noyer dans l'immensité des documents. Je travaille actuellement sur les dépositions des témoins (il y en a 120 !) et me retrouve soumis au pointillisme des normes vaticanesques pour la mise en forme de mon travail (avant, certainement, de me faire recadrer sur le contenu !).

Pour être bien au fait de ce dossier et de la manière de la traiter, à partir de la mi-janvier (fin de mon service), je vais retourner à la... fac... pour suivre le studium de la Congrégation pour les causes des saints. Je continuerai à habiter à la Maison Généralice jusqu'à la mi-mai environ, suivant les cours et continuant à travailler comme un "bénédictin" !

 

Voilà, en gros, les dernières nouvelles ! Ah si ! N'oublions pas le dernier voyage qui vient de s'achever et qui fut un des plus courts et un des moins lointains, puisque nous sommes allés 5 jours chez les soeurs de Vitorchiano, à 80 kilomètres au nord de Rome. C'est moins "sexy" que l'Australie ou l'Angola, mais ce fut nettement moins fatiguant !

 

Lors donc, puisqu'il n'y aura plus de "gyrovagie", il est fort probable que ce blog verra son activité cesser d'ici quelques temps, déjà merci à ceux et celles qui ont eu l'extrême patience de lire mes élucubrations géographiques !

Et, tant qu'on y est, je vous souhaite déjà un beau et joyeux Noël !



11/12/2014
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