le moine gyrovague

Quelques flash de mon voyage en Israël et Palestine, certainement le plus beau voyage qui m’a été donné de faire (et je commence à en cumuler un nombre certain !)

Arrivé le mercredi après-midi à Tel Aviv par une chaleur presque étouffante puis direction le monastère de Latroun, communauté de 12 moines dont je connais déjà la plupart pour les avoir rencontrés de ci de là.

Le soir après complies, on me dit que le lendemain, je vais passer la journée à Jérusalem avec un frère. Donc, le vendredi, journée entière passée dans la vieille ville de Jérusalem, très peu de pèlerins (mais vraiment très très peu, avec l’avantage que les lieux sont vides et qu’on peut bien plus en profiter qu’habituellement), pas beaucoup de présence policière ou de l’armée. C’est juste splendide !

Matinée au Saint Sépulcre, accueilli très fraternellement par un moine italien qui m’a fait la visite complète, tombeau du Christ, Golgotha et cie... Demain matin, je célèbre la messe sur le tombeau du Christ grâce à la gentillesse de ce frère et samedi ce sera l’Abbé Général. C’est un drôle d’endroit multi confessions ! Des catholiques latins, des coptes, des arméniens, des orthodoxes…

Passage dans un petit monastère copte, puis ascension du Mont des Oliviers en passant par Gethsémani. En haut, vue imprenable sur la vieille ville et l’esplanade des mosquées au son de l’appel à la prière du muezzin. Malheureusement, il est impossible d’aller au mur des lamentations, trop risqué en ce moment.

Déjeuner dans un bouiboui arabe et crapahutage pendant l’après-midi sous un soleil radieux et 37°... mais avec une profonde joie intérieure de pouvoir fouler la terre de ces lieux.

Retour en longeant le “mur” qui sépare Israël et la Palestine... sidérant !

Le vendredi, après la messe au Saint Sépulcre, sur le tombeau du Christ, un grand moment, une grande grâce... je suis parti à Bethléem visitant les principaux lieux. Mon guide (arabe israélien chrétien) me dit que c’est trop dangereux d’aller à St Sabas (dans le désert) en ce moment car il faut traverser tout un tas de quartiers musulmans. Bien. 10 minutes plus tard il me dit qu’on pourrait prendre un taxi pour y aller si je n’ai pas la trouille. Allons-y ! On trouve un chauffeur arabe chrétien avec une voiture immatriculée en Palestine et on part vers le désert en traversant des quartiers qui ne me semblent pas si terribles que cela. Le monastère de St Sabas est une vraie merveille, niché au bord d’un gorge au long de laquelle se trouve de nombreuses grottes d’ermites. Le monastère a été fondé au Ve siècle par saint Sabas (vers 443-532). Le monastère accueillit au VIIe siècle saint Jean Damascène, saint de l’Église byzantine et de l’Église catholique.

Le temps semble s’être arrêté ! Nous y sommes à midi sous un soleil de plomb, le monastère est fermé, impossible de rentrer. On fait le tour, descendons dans la gorge puis remontons vers le tombeau de St Sabas et redescendons et remontons pour récupérer notre taxi. Je suis... trempé de sueur, mais plein d’ardeur !

On rentre à Bethléem et on va sur une avenue dans un petit bouiboui arabe chrétien pour manger un sandwich au poulet ! On s’apprête à sortir. Le type à la caisse nous dit : si vous êtes en voiture (avec une plaque israélienne) filez tout de suite, ça va péter ! Mon guide me fait signe de rejoindre la voiture le plus vite possible en regardant mes pieds... On sort sur l’avenue, des centaines de jeunes cagoulés précèdent une manifestation pro-Hamas avec force drapeaux palestiniens et ces drapeaux verts et noirs avec je ne sais quoi écrit dessus. Là... en traversant cette foule de jeunes – moi... je suis en habit ! – je me dis que je vais me faire lyncher... Cela dure... trente secondes, et dès qu’on est assis dans la voiture, portes verrouillées, on met les gaz et on fuit cet endroit... Ni mon guide, ni moi ne sommes très fiers dans la voiture... Finalement on sort de Palestine en passant à un check point de l’armée israélienne et on rentre gentiment à Latroun !

Le samedi après-midi, je vais à Abu Gosh, balade dans la ville arabe et halte chez les frères bénédictins, tranquille et intéressant. En rentrant, un petit garçon juif (genre ceux qui sont bien radicaux) a jeté une pierre en direction de la voiture... C’est vraiment un endroit bizarre...

Le dimanche, juste après le déjeuner, je pars vers la Mère Morte avec comme chauffeur et guide un colonel de Tsahal à la retraite. Il parle anglais, la conversation est très intéressante pour avoir une idée de la situation car c’est un homme très modéré qui n’aime pas beaucoup les « juifs religieux », et m’explique que Israël et la Palestine, ce sont deux mondes opposés, le premier complètement occidentalisé, le second tout oriental. En Israël, il y a des habitants qui proviennent de 115 pays différents…

Passage à Qumrân, un site archéologique en Palestine en surplomb de la rive ouest de la mer Morte en Cisjordanie, sur la terre historique du royaume de Judée. Il est constitué de vestiges de bâtiments occupés approximativement entre -100 et +70, de 11 grottes dans lesquelles on a retrouvé, entre 1947 et 1956, les plus anciens manuscrits hébraïques actuellement répertoriés, connus sous le nom de manuscrits de la mer Morte, et d'un cimetière d'environ 1200 tombes. L'établissement est construit sur les ruines d'un fortin israélite.

On longe ensuite la Mer Morte, un spectacle fabuleux. De l’autre côté, en Jordanie, un de mes frères et sa femme terminent un voyage au bord de la mer… On n’a pas réussi à s’envoyer des signaux lumineux pour se saluer !

Dressée sur un éperon rocheux, Masada est une forteresse naturelle d'une beauté majestueuse qui domine la mer Morte en plein désert de Judée. Symbole de l'ancien royaume d'Israël et de sa destruction brutale, elle fut la dernière poche de résistance des patriotes juifs face à l'armée romaine, en 73 de notre ère. Ce palais-forteresse fut construit dans le style classique du début de l'empire romain par Hérode le Grand, roi de Judée, qui régna de 37 à 4 av. J.-C. Les camps militaires, les fortifications et la rampe d'assaut qui entourent le monument sont l'exemple le plus complet de travaux de siège de l'époque romaine conservés jusqu'à ce jour.

Masada, Qumrân et Mère Morte, quel spectacle, quelle joie de visiter ces lieux. Mon colonel de 82 ans (!) a été un guide absolument charmant. Il faisait une chaleur à crever mais j’avais 4 litres d’eau fraîche dans mon sac à dos que nous avons bu régulièrement, mon colonel me disant “on s’arrête et on boit de l’eau !” – “Oui, chef !”. 48° à Masada… !

Quel pays incroyable de contrastes. Pour rentrer, nous avons traversé le désert du Neguev avec ses bédouins et troupeaux de chameaux, sommes passés à Beer She’va ou une roquette était tombée peu de temps avant...!!!

Le lundi, départ à 4.30 du matin pour la Galilée. Arrivé à la basilique de Nazareth très tôt, il n’y avait personne, c’était extraordinaire. Messe en italien à la grotte puis...Cana, Magdala, le mont des Béatitudes, Tabgah (multiplication des pains), la primauté de Pierre, le lac de Tibériade (j’ai baigné mes jambes !) puis Capharnaüm... où il ne faisait que... 42 degrés !!! La journée a passé à toute vitesse mais j’en ai pris plein les yeux et le cœur… !

Le mardi, matinée « tranquille » au monastère où je visite la cave (ils ont 40 hectares de vignes). L’œnologue qui s’occupe de la vinification est celui que j’avais engagé à Frattocchie !!! On passe un bon moment ensemble puis arrive l’heure de repartir. À l’aéroport, c’est généralement « galère » pour partir : fouille corporelle et des bagages, questions à n’en plus finir… Là, deux questions et puis hop ! L’avion qui nous ramène à Rome est incroyablement… vide… signe que vraiment peu de monde ose aller là-bas en ce moment !

Des photos (beaucoup) de tout cela PAR ICI

Ah oui... juste avant j'étais en Hollande !