le moine gyrovague

Nous voici en Autriche depuis hier matin, dernière étape de ce long voyage. Le monastère d’Engelszell se trouve à Engelhartszell dans le nord de la Haute-Autriche, sur le Danube, dans une vallée bordée de collines boisées. Il est situé 60 kilomètres à l’ouest de Linz, et 25 kilomètres à l’est (en aval) de la frontière allemande et de la ville de Passau. Engelszell, littéralement la « Cella Angelorum », fut un monastère cistercien de 1293 à 1786. L'abbaye fut fondée en 1293 par Bernhard de Pramsbach, évêque de Passau, et des moines du monastère cistercien de Wilhering (près de Linz), et unie à l'ordre cistercien en 1295, dans la filiation de l'abbaye de Morimond.

   Le dernier grand projet de cette première « ère » fut la construction de la nouvelle église abbatiale en style Rococo, dans les années 1750-1760, une merveille aujourd’hui encore visitée par de nombreux touristes de toute l’Europe. Mais le monastère fut supprimé peu de temps après par l’empereur Joseph II.

            Tout au long du 19^ème siècle, le monastère fut propriété privée. C’est seulement en 1925 que des moines s’y sont réinstallés, à nouveau des cisterciens, mais cette fois de la Stricte Observance. Le propriétaire de l’époque vendit Engelszell à un groupe de frères allemands du monastère d’Oelenberg en Alsace, région française depuis peu, qui cherchaient un nouveau domicile.

            Cette deuxième « ère » fût brutalement interrompue par la Gestapo du régime hitlérien. En 1939, on ferma le monastère et on arrêta ou expulsa les 73 moines. Des cinq frères déportés en camp de concentration, quatre ne sont jamais revenus. Après la 2^nde Guerre Mondiale, 23 moines sont rentrés et ont repris la vie monastique, renforcés par 15 trappistes allemands réfugiés de l’abbaye Mariastern en Bosnie (Yougoslavie). Ils furent obligés d’accepter la gestion d’une maison médicalisée installée dans le monastère durant la guerre. Cette maison existe toujours, maintenant gérée par la Caritas du diocèse, dans de nouveaux bâtiments équipés de façon moderne, à proximité du monastère mais également dans une partie des bâtiments du monastère.

Le travail ne manque pas : exploitation forestière (140 ha de forêt), agriculture (60 ha, donnés en bail depuis peu) ; production de liqueurs (à peu près 30.000 litres par an), le magasin… et depuis quelques mois, une mini-brasserie a été construite pour produire de la bière (excellente au demeurant !). Cela semble bien considérable pour les frêles épaules de la petite communauté de 5 frères, mais ils sont bien aidés par des collaborateurs laïcs, maintenant ainsi l’unique présence d’une vie monastique contemplative en Autriche. On touche du doigt la grande précarité.

Pour ceux qui aiment les statues d'angelots potelés si chers au baroque, il doit y en avoir une bonne centaine dans l'église...!!!

Photos sur : https://picasaweb.google.com/105682554808323990281

Retour à Rome demain soir, à la grâce de Dieu ! Et de l'avion !