le moine gyrovague

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Compte-rendu Angolais

Le 7 juillet nous quittons la Maison Généralice et nous envolons pour Paris puis pour Luanda, capitale de l’Angola. Particularité du vol : il n’y a quasiment que des hommes dans l’avion et pratiquement aucun africain... les sociétés pétrolifères, les mines de diamants, etc., fournissent du travail à bon nombre d’expatriés européens. Après un vol de nuit d’environ 8 heures, nous atterrissons à Luanda. Commence l’attente pour rejoindre un des guichets de la douane. Nous voyons soudain apparaître M. Manuella, la Supérieure de Huambo, accompagnée d’un policier et, en un tour de main, nous voilà à un guichet ! Mais comme nous avons un visa spécial, il nous faut attendre une bonne demi-heure avant de récupérer nos passeports, tous les autres passagers étant partis depuis un bon moment ! Mais, nous n’avons eu aucune démarche consulaire à faire à Rome. Nous partons chez des capucins où nous logeons. Après une bonne douche et un peu de repos, nous repartons dans le trafic pour nous rendre à la Nonciature Apostolique pour y rencontrer le Nonce. L’accueil est très chaleureux, le Nonce, un tanzanien d’une soixantaine d’années est un hôte prévenant et dynamique. Nous partageons sa table pour le repas de midi. Après quoi, nous visitons rapidement certains quartiers de la ville, puis nous allons nous dégourdir les jambes sur une plage. Ensuite, nous rentrons pour nous offrir une bonne nuit de repos, le départ pour Huambo est prévu à 6 heures le lendemain matin. Comme souvent en Afrique, c’est une expédition ! Les routes sont bonnes, si l’on excepte quelques trous, et font traverser des paysages variés : d’abord des forêts de baobabs, puis de la savane africaine typique à mesure que l’on gagne de l’altitude. On traverse des vallées, slalomant entre des montagnes. Après la pause pique-nique, nous sommes moins bavards et chacun scrute les panneaux indiquant les kilomètres qu’il reste à parcourir. Cela semble ne pas avoir de fin ! À chaque changement de vallée on espère apercevoir Huambo au loin mais… ce sera pour la prochaine ! Finalement, nous arrivons au monastère après 10h45 de route, les 8 derniers kilomètres étant de la piste à travers la montagne pour nous rappeler que nous sommes en Afrique !

Le monastère est située au sommet d’une montagne, à 1 800 mètres d’altitude et offre un panorama époustouflant sur les montagnes environnantes… on a l’impression d’être dans un paysage « originel ».  L’histoire de la communauté est mouvementée, en bonne partie à cause de la guerre civile qui a ravagé le pays durant 27 ans (1975-2002). Arrivée dans les années 80, la communauté s’installe en lisière de la ville dans une petite propriété mise à sa disposition par le diocèse. Les sœurs vécurent là, les temps difficiles et parfois atroces de la guerre. Le monastère, comme toutes les maisons religieuses d’Angola, accueillait les réfugiés qui fuyaient les bombardements ou les exactions. Cette attitude de l’Église oblige l’actuel gouvernement communiste à composer avec le pouvoir important que garde l’Église dans le pays, et les communautés religieuses jouissent d’une forte amitié de la population et de quelques passes droits de la part des autorités.

En 2002, quand la guerre prend enfin fin, l’Etat angolais lance un vaste programme de reconstruction des infrastructures (routes, ponts, aéroports, chemins de fer). Grâce notamment à ses exportations d’hydrocarbures, l’Angola connaît un véritable essor économique qui lui permet de tourner définitivement la page des années de guerre civile.

Aujourd’hui, c’est un pays en pleine reconstruction. Le gouvernement a donné aux sœurs une propriété de 1 000 hectares à une vingtaine de kilomètres de Huambo (deuxième ville d’Angola – 2 millions d’habitants). Il n’y avait rien sur cette montagne sinon de la savane. Les sœurs y ont peu à peu planté des vergers, des pins, des eucalyptus… Et les sœurs ont la joie de voir peu à peu se construire leur futur monastère. Jusqu’à présent, elles vivent dans du « provisoire », avec des lieux réguliers assez exigus, mais d’ici quelques temps elles pourront emménager dans un monastère flambant neuf, un peu curieusement construit à l’européenne, et prévu pour 40 sœurs ! Le chantier bat son plein.

Un laboratoire assez important a déjà été construit car il assure une bonne partie des revenus. Depuis plus de 10 ans, les sœurs fabriquent crèmes, pommades, sirops… à base de plantes. Au début, personne n’achetait, puis après un passage à la radio, les produits sont devenus très recherchés et les sœurs n’arrivent pas toujours à suivre. Un seul point de vente à Huambo, en ville, dans le dispensaire que les sœurs ont gardé et qui est très fréquenté. Dispensaire… le mot est un peu faible car c’est plus un cabinet médical-laboratoire-pharmacie.

Séjour d'une semaine chez les soeurs qui se terminent, comme toujours en Afrique, par des danses et des chants !

 

Puis, nous quittons le monastère le jeudi 17 vers 7h du matin pour nous rendre à Benguela, afin de voir le monastère où vivaient les frères de Bela Vista avant leur dispersion. La route est excellente et nous traversons des paysages de grandes diversités : savane, bush, montagnes, semi-désert… Nous arrivons à Benguela vers 14h et rejoignons une plage magnifique pour pique-niquer et… se baigner (pour le plus courageux… c'est à dire... moi !). Nous allons ensuite visiter le monastère des frères qui est actuellement occupé par le diocèse dans l’attente d’un très hypothétique retour. Le lieu n’a vraiment rien de monastique, ouvert aux quatre vents et en ville. Nous y rencontrons 3 jeunes intéressés par la vie monastique depuis des années . Il nous fallait ensuite rejoindre la maison de religieuses portugaises qui nous accueillaient pour la nuit. Difficile de décrire les phases successives par lesquelles nous sommes passés en traversant dans tous les sens une banlieue de la ville, qui, à mesure que nous nous y enfoncions, devenaient de plus en plus obscure, de moins en moins engageante… nous nous demandions où nous allions finir… !!! sous une tente dans le désert ??? Au détour d’une énième ruelle poussiéreuse se dressa devant nous une grande école toute neuve et chacun se mit à espérer que c’était le lieu de notre destination finale. C’était bien là et, à voir les visages reprendre des couleurs, tout le monde était soulagé ! L’accueil des sœurs fut des plus fraternels, nos chambres spacieuses… Il restait un « petit » détail, les sœurs avaient demandé que nous célébrions la messe. Et je fus délégué pour présider l’eucharistie. Ce qui suivi fut un peu surréaliste : célébrer la messe en portugais au fin fond d’une banlieue d’une ville africaine… drôle de métier ! Nous partageons le repas des sœurs et filons nous coucher car la journée fut longue et fatigante et celle du lendemain sera semblable.

Après une brève rencontre avec l’évêque local, nous prenons la route de Luanda qui longe plus ou moins la côte de l’Atlantique. Après une journée passée à Luanda et une nouvelle rencontre avec le Nonce, nous nous envolons vers Amsterdam puis Rome où nous sommes arrivés dimanche matin, passablement "rincés" !!!

des photos PAR ICI

 

Bonnes vacances à ceux qui en prennent, bon courage à ceux qui ne sont pas en grande forme.

 



21/07/2014
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